samedi 4 août 2012

"plain" et "plein" en langue du blason

Plain et plein sont deux déterminants qualifiant l’écu.
   Plain (< lat. planus "plan") signifie que l’écu est d’une couleur unie, sans aucune figure.
   Plein (< lat. plenus "plein") indique que l’écu correspond aux armoiries d’un “chef d’armes”, c’est-à-dire l’aîné de la branche aînée et que ces armes ne comprennent aucune brisure, aucune marque de cadet (Cf. le billet sur Les brisures).

dimanche 29 juillet 2012

Attributs et Bestiaires

En héraldique, les attributs donnés à un certain nombre d’animaux aident à les identifier : l’autruche tient un fer à cheval dans son bec et la grue une pierre dans sa patte. Ces identificateurs sont issus des Bestiaires du Moyen Âge.
   Les figures héritées des Bestiaires comportent des animaux vrais et des animaux imaginaires, ainsi que certains êtres hybrides.
   Après les avoir présentés rapidement, je les reprendrai un par un pour donner plus de détails iconographiques et lexicographiques
   Certains attributs ne sont blasonnés que s’ils sont d’une couleur spécifique ou encore pour signaler qu'ils sont absents, deux indices de leur relative ancienneté.
   L'attribut peut aussi être absent dans le cas d'armes parlantes : en effet, il n'est pas nécessaire de préciser l'identité de la figure, le nom du porteur d'armes servant d'indice.
Thomas Sybel de Aynsford (1531), Coll. Arms, ms D.13, f° 2
(détail de la couverture de l'ouvrage de Rodney Dennys, The Heraldic Imagination,
New York: Clarkson N. Potter, 1975)

samedi 14 juillet 2012

La notion de "contre-" en langue du blason

L’élément de composition contre- ne peut être présenté sans faire appel aux illustrations qui permettent de mieux appréhender les subtilités de son emploi. La majorité des qualificatifs composés de contre- peut se présenter sous deux formes qui varieront selon les époques : fascé peut donner contre-fascé ou fascé-contre-fascé, cette dernière formule décrivant plus finement certaines compositions : un fascé-contre-fascé est un fascé auquel on a accolé son reflet (comme dans un miroir), avec les couleurs alternées au niveau du trait de partition.
  L'exemple suivant permet de comprendre que la notion de "contre-" était utilisée pour traduire des dessins complexes tout en cherchant à garder une formule concise.
Condet, s. de Morialmé, BEL 40r6 (illustration d'après Boos 19) - ce qui est blasonné actuellement :
"de vair en chevron à deux étais de gueules" [description qui ne donne pas l'information
que les pointes des cloches de vair se touchent et qui risque d'être incomplète pour permettre
de dessiner l'écu sans modèle] - blasonnement dans l'armorial du héraut Orléans, avant 1342 :
""De Moriamés, vairé contre vayré chevronné contre chevronné sur le tout trois chevrons de gl." -
autre illustration dans l'armorial Le Bouvier, v. 1454-1457, avec blasonnement restitué
["vairé en sautoir, à deux chevrons de gueules brochant sur le tout"] -
on rencontre cet écu aussi dans Navarre 1188, Gelre 1016 et Bergshammar 1221

dimanche 8 juillet 2012

Les mésaventures du lion de la famille Tranchelion

Au cours de l’histoire de l’héraldique, les armoriaux, catalogues d’armoiries décrites ou illustrées se sont succédés. Si l’on étudie les armes d’une famille, on constate que le texte et l’image peuvent se répondre de manière exacte ou inexacte. Cela fait ressortir la possibilité, rare, de variation de sens et d’image.
   J’ai choisi, comme exemple, celui de la famille Tranchelion.
Sceau Tranchelion de 1540 (d’après Brault fig. 139)

jeudi 28 juin 2012

Figures (pièces, meubles) en nombre

La disposition des éléments en nombre est en rapport avec la forme ancienne de l’écu, en triangle. Avec l’évolution de l’écu vers la forme carrée pour aboutir à la forme dite “à la Bara” (avec le bas en forme d'accolades [merci à Rincevent]), les éléments d’un écu ancien sont devenus difficiles à répartir de façon équilibrée.
1292-95 - Le vidame de Chartres, LBR 392 (©Archives Nationales)
1370-86 - Die Here v. Vydame v. Tsaerters, GEL 450, f° 50v
(merci à YdT pour la numérisation et la colorisation de l'écu)
1436-1440 - peut-être Guillaume, vidame de Chartres, ETO France 54v (©BNF)
1579 - Le vidame de Chartres, Bara (d'après Boos 689)
   Dans l’exemple ci-dessus, la même figure est représentée dans LBR avec neuf merlettes, dans GEL neuf encore, étranglées par le changement de forme de l’écu et que l'on peut aussi blasonner d’or à deux fasces de sable à l’orle de neuf merlettes du même, qui passent ensuite dans ETO à sept pour garder une composition équilibrée. Bara, avec sa forme d’écu parfaitement carré, restitue sans problème les neuf merlettes.

dimanche 17 juin 2012

Le dragon héraldique

Dans la classification héritée du Moyen Âge, le dragon est le roi des reptiles. Emblème de certaines légions romaines (ce que l'on retrouve dans le dragon du pays de Galles), il est très présent dans les Bestiaires du Moyen Âge et dans les enluminures des manuscrits : en tant qu'emblème pré-héraldique, il décore les bannières païennes (maures, sarrasines ou encore turques...).
Dragon, Très riches heures de Champagne (présentées ici),
Bibliothèque municipale de Châlons-en-Champagne, Ms 1716 f°67v (©Interbibly)
(d'autres illustrations de dragons tirées de Bestiaires peuvent être admirées sur le site The Medieval Bestiary)

samedi 9 juin 2012

Le Père C.-F. Menestrier

Le Père Claude-François Menestrier occupe une place toute particulière dans l'histoire "théorique" de l'héraldique et surtout dans sa mise en place en tant que science héraldique ou art héraldique.
   Le Père Menestrier faisait partie de l'ordre des Jésuites. Son oeuvre sur l'héraldique est considérable et s'inscrit dans l'œuvre pédagogique, spécifique aux Jésuites, comprenant tout spécialement un apprentissage de l'héraldique. Leur pédagogie aux XVIIe et XVIIIe siècles est présentée par P. Palasi dans son ouvrage sur Les jeux de cartes et de l'oie héraldiques aux XVIIe et XVIIIe siècles paru en 2000. Le déclin de leur influence commencera peu avant 1690, puis la Révolution interdira leur enseignement, faisant tomber dans l'oubli l'enseignement spécifique de l'héraldique.
   Je présenterai, avant tout, les oeuvres accessibles ou commentées en ligne. J'ai volontairement omis les ouvrages numérisés de manière particulièrement médiocre par Google.
N.B. Mis à jour le 1er décembre 2014.
Claude-François Menestrier (1631-1705) (©GVNL & BM de Lyon)
  • Sa vie
  • Son œuvre
  • Définition du créquier dans les différents traités

jeudi 31 mai 2012

Armoriaux anciens

Les armoriaux sont présentés sous forme alphabétique abrégée, accompagnés quand disponibles d'une illustration et d'un lien vers l'original (ou ses copies, contemporaines ou plus récentes), ou encore vers l'édition savante du fac-similé ou du texte seul.
La liste n'est pas exhaustive, tant s'en faut. Je suis partie de la liste sur laquelle E. de Boos s'était appuyé pour illustrer son Dictionnaire du blason.
Les découvertes se faisant au fur et à mesure, la liste est complétée/corrigée/illustrée chaque fois qu'une nouvelle information est disponible (illustration ou lien). Les illustrations sont placées entre le nom et la notice qui les concernent. 
[mis à jour le 13/04/2019, les éléments en gras ont été re-vérifiés]
[FRA armorial ; ENG armorial ou roll of arms ; DEU Wappenbuch ; NED wapenboek ; ESP armorial ou libro de armeria ; ITA stemmario] [FRA rôle d'armes ; ENG roll of arms ; DEU Wappenrolle]

dimanche 27 mai 2012

L'éléphant de la famille Helfenstein (Souabe)

Dans le monde de l'héraldique germanique, la figure de l'éléphant est très intimement liée à la famille Helfenstein.
Les armes parlantes de cette famille sont très tôt connues puisqu'on les rencontre déjà dans le rôle d'armes de Zurich (Helfen, mot proche phonétiquement de Elefant "éléphant" et Stein "pierre, rocher, mont").
"un éléphant sur un mont alésé", détail de la pierre tombale
d'Adelheid von Helfenstein, 1356 (©Andreas Praefcke)
  • La langue
  • Les images

jeudi 17 mai 2012

La croix

La croix, toutes variantes confondues, fait partie des figures très fréquentes en héraldique, après le lion et l'aigle.
"de sable à la croix d'or", Guillaume d'Albon, REV 782 (d'après Boos 113)
   Les variantes de la croix sont très nombreuses, même si certaines sont fort rares. Dans la liste qui suit, les appellations mises en italique existaient déjà en ancien français (AF) :