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dimanche 24 février 2013

Richesse de la dérivation en langue du blason

La langue du blason, a été très productive au niveau des dérivés, tout particulièrement les diminutifs, et cela très tôt, dès l'ancien français.
     Les diminutifs peuvent prendre des terminaisons en -el/elle, -et/ette, -on/ion, -eau/au/ot/iau, -ine, -ille, -ier/ière, -olle, -oir et certains suffixes s'aditionnent parfois (ban +er +et pour banneret). Les diminutifs en -el sont plus fréquents aux débuts de la langue du blason (leur finale a évolué en -eau en français actuel). La forme -et/ette prédomine assez rapidement.
     Dans la langue du blason, les diminutifs sont généralement utilisés quand les figures sont au nombre de plus de trois, semblables, tout particulièrement dans les semés.
"d'or à une croix de gueules, cantonnée de quatre croisettes du même",
Beauvais, Armorial Le Blancq, marche du Beauvaisis, f°144r (©BNF) 
Remarque : cet écu correspond aux armes du "pays" du Beauvaisis ou de l'évéché de Beauvais, mais avec les clefs remplacées par des croisettes.

vendredi 30 novembre 2012

La thématique du vocabulaire du blason

La langue du blason a une syntaxe figée qui permet, surtout en français, d'aboutir à une formulation très succincte. Le vocabulaire, en revanche, est un champ ouvert, permettant d'accueillir tout terme actuel ou plus ancien.
     De nombreux traités d'héraldique ont proposé leur propre classification. Je n'en ai retenu aucune, car elles rangeaient les différents éléments suivant les critères de l'époque de l'auteur. La classification choisie est celle qui me paraît la plus proche de la manière dont le monde était conçu au Moyen Âge.
"d’or au coq de sable, armé, becqué,
crêté et barbé de gueules, allumé d’argent",
Chinq de Barcoph, Cour amoureuse 625 (d'après Boos 676)

mercredi 5 septembre 2012

"de l'un en l'autre" en langue du blason

En ancien français, de… et de… signifiait qu’on alternait deux couleurs et pouvait aboutir à trois représentations : soit barré-ondé, soit palé, soit encore coupé.
   Aux débuts de l’héraldique et jusqu’à Bara, pour indiquer qu’une figure était partagée par une trait de partition, avec les couleurs alternées, chaque moitié reprenant la couleur du champ opposé, il n’y avait pas d’expression unique. On disait indifféremment : de l’un dans l’autre ou de l’un à l’autre ou de l’un et de l’autre ou encore en un en autre.
"parti, au sautoir anillé de l’un en l’autre" [couleurs factices],
armes Hausmann, gravées par P. Boesch n° 162 (d'après Boos 252)

mardi 21 août 2012

Autour de dens, -tis en langue du blason

Quel est le lien entre dance, endenté, denticulé, denté et dentelé ?
   Ces termes ont tous une étymologie commune. Ils proviennent de dens, dentis qui en latin signifiait "dent".
   Ils peuvent être divisés en deux groupes : ceux qui sont "avec des dents" : denté, denticulé, et ceux qui sont "en forme de dent" : dentelé, dance & denché, endenté.
Champ sémantique de dens, -tis "dent" en langue du blason (©AnneBhD)

samedi 4 août 2012

"plain" et "plein" en langue du blason

Plain et plein sont deux déterminants qualifiant l’écu.
   Plain (< lat. planus "plan") signifie que l’écu est d’une couleur unie, sans aucune figure.
   Plein (< lat. plenus "plein") indique que l’écu correspond aux armoiries d’un “chef d’armes”, c’est-à-dire l’aîné de la branche aînée et que ces armes ne comprennent aucune brisure, aucune marque de cadet (Cf. le billet sur Les brisures).

samedi 14 juillet 2012

La notion de "contre-" en langue du blason

L’élément de composition contre- ne peut être présenté sans faire appel aux illustrations qui permettent de mieux appréhender les subtilités de son emploi. La majorité des qualificatifs composés de contre- peut se présenter sous deux formes qui varieront selon les époques : fascé peut donner contre-fascé ou fascé-contre-fascé, cette dernière formule décrivant plus finement certaines compositions : un fascé-contre-fascé est un fascé auquel on a accolé son reflet (comme dans un miroir), avec les couleurs alternées au niveau du trait de partition.
  L'exemple suivant permet de comprendre que la notion de "contre-" était utilisée pour traduire des dessins complexes tout en cherchant à garder une formule concise.
Condet, s. de Morialmé, BEL 40r6 (illustration d'après Boos 19) - ce qui est blasonné actuellement :
"de vair en chevron à deux étais de gueules" [description qui ne donne pas l'information
que les pointes des cloches de vair se touchent et qui risque d'être incomplète pour permettre
de dessiner l'écu sans modèle] - blasonnement dans l'armorial du héraut Orléans, avant 1342 :
""De Moriamés, vairé contre vayré chevronné contre chevronné sur le tout trois chevrons de gl." -
autre illustration dans l'armorial Le Bouvier, v. 1454-1457, avec blasonnement restitué
["vairé en sautoir, à deux chevrons de gueules brochant sur le tout"] -
on rencontre cet écu aussi dans Navarre 1188, Gelre 1016 et Bergshammar 1221

dimanche 8 juillet 2012

Les mésaventures du lion de la famille Tranchelion

Au cours de l’histoire de l’héraldique, les armoriaux, catalogues d’armoiries décrites ou illustrées se sont succédés. Si l’on étudie les armes d’une famille, on constate que le texte et l’image peuvent se répondre de manière exacte ou inexacte. Cela fait ressortir la possibilité, rare, de variation de sens et d’image.
   J’ai choisi, comme exemple, celui de la famille Tranchelion.
Sceau Tranchelion de 1540 (d’après Brault fig. 139)

samedi 5 mai 2012

Compte rendu de l'article « La langue du blason »

J'avais commencé mon blog en signalant cet article sur "La langue du blason"  :
J'ai découvert […] que c'était aussi le titre d'un article de François Millepierres paru dans la revue Vie et Langage en juin 1968. Je me suis demandé ce qu'il pouvait bien contenir et ce que venait faire un article sur l'héraldique au milieu de ceux d'autres auteurs traitant, par exemple, de "L'esprit des peuples à travers leurs mots d'esprit", "Les Américains et la langue anglaise", "Tous dans la limonade !" et autres passionnants problèmes du langage… [présentation des articles sur la couverture de la revue]. 
Armes du comte de Soissons,
Vie et Langage 195, juin 1968 (©Larousse)

samedi 4 février 2012

La langue du blason - présentation

Le titre de ce blog est le titre de la thèse que j'ai soutenue le 12 novembre 2009 à l'École Pratique des Hautes Études, sous la direction de Michel Pastoureau.
   J'ai découvert quelques temps après que c'était aussi le titre d'un article de François Millepierres paru dans la revue Vie et Langage en juin 1968. Je me suis demandé ce qu'il pouvait bien contenir et ce que venait faire un article sur l'héraldique au milieu de ceux d'autres auteurs traitant de "L'esprit des peuples à travers leurs mots d'esprit", "Les Américains et la langue anglaise", "Tous dans la limonade !" et autres passionnants problèmes du langage… [je cite ce qu'on peut lire sur la couverture]
   J'envisage de commenter et recentrer cet article qui peut intéresser les personnes averties, à titre de curiosité (voir ici).
   Après vous avoir présenté le contenu de ma thèse, je survolerai ce que contenait cet article du même nom fait par un philosophe, humaniste mais non spécialiste de l'héraldique.